par IBUKA
XVIe COMMEMORATION DU GENOCIDE DES TUTSI
(PARIS, AVRIL 2010)
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Mercredi 7 avril 2010, une journée du souvenir
16h00 : Rassemblement devant le Mur pour la paix - Place du Champ de Mars (Paris, 7e arrondissement. Métro Ecole Militaire)
19h30 : Veillée du souvenir - 62, rue Marcadet, 75018 Paris. Métro Marcadet-Poissonniers
Le 7 avril 1994, au Rwanda, débutaient les massacres génocidaires qui visaient les populations tutsi de ce pays d’Afrique. En moins de cent jours près d’un million d’hommes, de femmes et d’enfants ont trouvé la mort, la plupart sous les coups de machettes. Notre devoir est de ne pas oublier. Ainsi pour la seizième fois, nous vous invitons à venir rendre hommage avec nous aux victimes du dernier génocide du XXe siècle.
Nous avons placé cette cérémonie sous le signe de la justice. Seize ans après le crime, de
nombreux auteurs restent encore en liberté. Les insuffisances en la matière privent les
rescapés du droit à la réparation et atténuent l’impact de toute politique de réconciliation entre
les Rwandais. Celle-ci n’est possible que si les rescapés retrouvent l’espoir que les criminels
soient arrêtés et jugés. Pour l’instant, les victimes restent dans cette attente qui est une étape
nécessaire vers de moindres souffrances :
« On a jugé les fauteurs dans les tribunaux. Ca représente une fraction des tueurs, une
fraction quand même. Oui, il y a une justice après le génocide, mais pas de réconciliation.
Elle s’adapte au nombre de magistrats, de tueurs et de victime, elle corrige les fauteurs et
empêche les vengeances, elle se montre atténuante pour les tueurs et profitable à la bonne
marche du pays. Elle est gratifiante pour l’avenir. Elle satisfait les autorités, les donateurs
internationaux, et tant pis pour le chagrin des rescapés ». Marie-Louise Kagoyire, in La
Stratégie des antilopes, Jean Hatzfeld, Seuil, 2007 p.160
Dimanche 18 avril 2010 : Transmettre la Mémoire
Lieu : 62, rue Marcadet, 75018 Paris
Pour prévenir l’oubli, en quête des moyens pour maintenir la flamme de la conscience universelle dont l’absence a fait de ce siècle celui des génocides, nous vous invitons à venir partager avec nous la réflexion sur les différentes manières de transmettre la mémoire.
En Europe, l’acte ou le devoir de mémoire évoque l’épisode douloureux du génocide des Juifs. Or, celui-ci a été perpétré au cœur de l’Europe. Il a été réalisé par et contre des européens. L’énormité, la proximité géographique et historique n’ont pas suffi à transmettre la
mémoire de la tentative d’extermination des Juifs par les nazis. Il a fallu le recours à des techniques classiques d’élaboration et de la diffusion de la connaissance historique ainsi que le concours de toutes les disciplines des sciences sociales : la littérature, la philosophie,
l’histoire, le cinéma, l’école, l’art...
Bien qu’il ait été commis sur le continent noir, le génocide des Tutsi n’est pas étranger à
l’Occident. Il suffirait de rappeler les liens entre le Rwanda et la communauté internationale
au moment des faits. On pourrait aussi, pour le sortir de la catégorie des massacres ordinaires
lointains et barbares, examiner le recours aux techniques modernes dans sa mise en oeuvre,
notamment l’usage des médias, dont la radio. Pour le comprendre et en transmettre la
mémoire, des outils modernes de la recherche et de la diffusion du savoir sont déjà mis en
oeuvre. Par ce colloque, nous voulons comprendre les techniques les plus utilisées et les
problèmes que poseraient leur application au génocide des Tutsi.
A l’ouverture, une invitée, Linda Melvern : journaliste, écrivain, auteur de
A People Betrayed : The Role of the West in Rwanda’s Genocide, Zed Books 2000, ouvrage
dont la traduction en français paraitra début avril
Conspiracy to Murder : The Rwandan Genocide, (Reviseé) Paperback - 17 avril 2006
Les Nations unies by Linda Melvern (Hardcover - Sept. 25, 2002)
I. Les passerelles les plus usuelles : 10h15-11h
1. Comment se construisent les représentations ?
Par Ariane Mathieu, doctorante à l’Université de Concordia (Canada), elle travaille sur les
problématiques de la reconstruction de la mémoire et de l’histoire en lien avec différentes
formes de représentation. Elle a collaboré
à « Cambodge ... Retour sur une des grandes traversées de l’été de France Culture » sur
France Culture : http://alturl.com/4apo
2. Cinéma/documentaire
Arnaud Sauli - Cinéaste. De formation en histoire à l’EHESS, il a travaillé sur l’empire
colonial britannique et les technologies policières mises en oeuvre dans la gestion des
populations en Inde et en Irlande. Il s’est notamment intéressé aux acclimatations coloniales
des idées de police, de criminalité et de violence. Il a depuis déplacé ses activités vers le
cinéma documentaire et termine actuellement un film documentaire sur l’écriture de l’histoire
du génocide des Tutsi du Rwanda.
3. La pédagogie : Quand les jeunes explorent un territoire où leurs professeurs
n’ont jamais mis les pieds : le point sur la recherche des étudiants - mémoires et
thèses.
Héloïse Leterrier - a soutenu en 2009 à l’Université de Caen/Basse Normandie, un mémoire
de Master sur « La culture et l’éducation rwandaise en France : partage d’une mémoire et
transformation des valeurs »
II. L’apport des sciences humaines et sociales : 11h30 - 12h30
1. Le témoignage des victimes et celui des assassins :
Catherine Coquio
Professeur de littérature comparée à l’Université de Poitiers.
Responsable du groupe de recherches Littérature et savoirs à l’épreuve de la violence
politique. Génocide et transmission.
Présidente de l’Association Internationale de Recherche sur les Crimes contre l’Humanité et
les Génocides (www.aircrige.org)
Auteur de Rwanda. Le réel et les récits, Belin, 2004.
Éditeur de :
Fiction et connaissance. Essais sur le savoir à l’oeuvre et l’oeuvre de fiction, L’Harmattan,
1998 (avec R. Salado).
Parler des camps, penser les génocides, Albin-Michel, 1999.
L’Histoire trouée : négation et témoignage, L’Atalante, 2004.
Rwanda 2004 : témoignages et littérature, revue franco-allemandeLendemains, n° 112,
novembre 2003
Demain ma vie - Enfants chefs de famille dans le Rwanda d’après, Berthe Kayitesi,
Laurence Teper, 2009
2. Penser l’événement
Gérard Rabinovitch - Philosophe et sociologue, chercheur au CNRS (Centre de recherche
sens, éthique, société) et chercheur associé au Centre de recherches psychanalyse et médecine
de l’université Denis-Diderot, il mène depuis de nombreuses années des travaux sur les
enjeux de civilisation. Son travail porte sur les questions qui touchent aux problèmes éthiques
et aux « Cultures criminelles ».
En 2009, il a publié : De la destructivité humaine (PUF) et Connaissance du monde juif
(CRDP)
3. Penser et agir :
Denis Peschanski - Historien, directeur de recherche au CNRS.
Vichy 1940-1944. Contrôle et exclusion, Bruxelles, Complexe, 1997.
Polices et pouvoirs au XXe siècle. Europe, Etats-Unis, Japon, Bruxelles, Complexe, 1997.
La Résistance et les Français. Nouvelles approches, Cahier de l’IHTP, n°37, décembre
1997.
Les élites locales dans la tourmente. Du front populaire aux années 1950, CNRS-Editions,
2000.
La police française entre bouleversements et permanences, 1930-1960, Paris, La
Documentation française/IHESI, 2000.
Des étrangers dans la Résistance, Paris, l’Atelier, 2002
La France des camps : l’internement 1938-1946, Gallimard, 2002 qui a donné lieu au film
« La France des camps 1938 - 1946 », écrit par Denis Peschanski, réalisé par Jorge Amat qui
sera diffusé sur France 2, le 8 avril 2010 dans Infrarouge.
III. Lieux de transcription et de transmission de la mémoire
1. Récit, tradition et écriture
Scholastique Mukasonga -écrivain, auteure de trois ouvrages,
Inyenzi ou cafards, Continent Noir Gallimard, 2006
La femme aux pieds nus, prix Seligmann « contre le racisme, l’injustice et l’intolérance »
2008
L’Iguifou Nouvelles rwandaises, coll. Continents Noirs, éd. Gallimard
2. Le corps ou la mémoire silencieuse :
Hélène Piralian - Psychanalyste, philosophe et écrivain auteur de :
Un enfant malade de la Mort - Lecture de Mishima, relecture de la paranoïa, l’Harmattan,
Collection Emergence, 2004.
Génocide, disparition, déni. La Traversée des deuils, L’Harmattan, 2007
Génocide et transmission : Sauver la mort, sortir du meurtre, L’Harmattan, 2005
Elle travaille sur les effets psychiques des deuils "rendus" impossibles et ceci dans le registre
des histoires individuelles, comme dans celui des histoires collectives.
3. Enseigner, transmettre et former.
Christian Savary / Anthony Vérove - professeurs au Lycée Lebrun à Coutances, dans
l’Académie de Caen, ils encadrent la Junion Association Les Sentiers de la Mémoire, créée
en 2004 dans le cadre d’un projet d’éducation civique pour comprendre l’Europe d’aujourd’hui.
Ils organisent et animent des Semaines de la Mémoire et de Voyages de Mémoire et
d’Histoire en Europe de l’Est.
Avec le soutien des associations : Médecins du Monde, CRF, UEJF, SOS Racisme,
Mémorial de la Shoah, Centre Simon Wiesenthal, Etudes sans frontières, CPCR,
Conseil de coordination des organisations arméniennes de France, Comité de défense de
la cause arménienne, Fondation pour la Mémoire de la Shoah, Survie, Nor Seround,
Urgence Darfour, Appui Rwanda, Forim, Idilick, AJ162.
Venez nombreux rendre hommage à la mémoire des victimes
et témoigner de notre soutien aux rescapés