Dimanche 9 novembre les autorités allemandes ont arrêté la directrice
du protocole d’État rwandais, Madame Rose KABUYE, à l’aéroport de
Francfort à sa descente d’avion. L’Allemagne est ainsi le premier pays
à mettre en application le mandat d’arrêt européen délivré par la
France. C’est en effet en vertu de l’un des neufs mandats d’arrêt
émis, en novembre 2006, par le juge français Jean-Louis BRUGUIÈRE à
l’encontre des plus proches collaborateurs du président rwandais, Paul
KAGAME, que cette personnalité rwandaise de premier plan a été
interpellée pour être remise aux autorités françaises. Ce mandat a été
lancé au terme d’une enquête bâclée qui a été contestée dès que ses
premières conclusions ont été rendues publiques.
Et pour cause ; avant d’émettre les mandats d’arrêt, ce juge n’a fait
aucune tentative pour entendre les personnes mises en cause. Aucune
enquête sur le terrain n’a été réalisée. L’élément matériel de
l’attentat, l’épave de l’avion, n’a pas été examinée. L’identité des
accusés n’est pas claire : les noms, les dates et les lieux de
naissance sont imprécis ou fantaisistes. Tout récemment, le témoin
central de cette enquêté a désavoué son témoignage.
Circonstance aggravante dans cette arrestation : Rose KABUYE, en
mission officielle de préparation d’une visite du président de la
République rwandaise, était munie d’un passeport diplomatique ! Elle
bénéficiait donc de l’immunité que confère la Convention de Vienne sur
les relations diplomatiques et consulaires.
L’acharnement à exécuter les mandats d’arrêt émis par le juge
Jean-Louis Bruguière n’a d’égal que la négligence dans le traitement
des dossiers de Rwandais accusés de complicité de génocide et vivant
en Europe. Ainsi, en France, trop longue est la liste des plaintes
déposées devant les juridictions françaises contre des Rwandais vivant
en France et qui n’ont jamais dépassé le stade de l’instruction. La
plus ancienne concerne l’abbé Wenceslas MUNYESHYAKA. : elle date de
1995, mais l’homme continue à officier, à administrer les sacrements.
Pourquoi la justice française ne met-elle pas autant d’empressement à
élucider les dossiers de ces personnes ? Pourquoi les accords de
coopération policière et judiciaire européens n’ont-ils pas été
appliqués pour aider le TPIR à mettre en jugement tous les suspects
qui ont trouvé refuge en Europe ? Y aurait-il urgence à poursuivre
ceux qui ont arrêté le génocide et intérêt à laisser en liberté ceux
qui l’ont commis ?
La Communauté rwandaise de France :
condamne vivement la décision du gouvernement allemand d’arrêter un
haut fonctionnaire exerçant sa mission, sur la base d’un mandat
d’arrêt contestable et contesté ; et cela aux risques d’humilier
gravement un État et son peuple souverains ;
dénonce une enquête dévoyée, partiale et partisane, qui laisse les
criminels en liberté et s’acharne contre ceux qui ont libéré le Rwanda
des mains des génocidaires ;
salue le courage et le patriotisme de Rose KABUYE : malgré la menace
du mandat Bruguière, elle a choisi de continuer à se déplacer partout
où le service de son pays l’appelait et, une fois arrêtée, elle a
choisi d’affronter la justice française
assure dès maintenant Rose KABUYE du soutien fraternel de chacun et
chacune de ses membres ;
invite à combattre toutes les manipulations qui visent à
instrumentaliser la justice ;
appelle tous ceux qui sont vraiment épris de coexistence pacifique
entre les peuples afin qu’ils appuient la décision de l’Union
Africaine prise lors de Conférence ordinaire du 30 juin au 1 juillet
2008 à Sharm El-Sheikh et demandant à « tous les Etats membres des
Nations Unies, en particulier les Etats de l’Union européenne,
d’imposer un moratoire à l’exécution de ces mandats jusqu’à ce que
toutes les questions juridiques et politiques aient été minutieusement
discutées entre l’Union africaine, l’Union européenne et les Nations »
Elle vous invite à vous associer à la manifestation qu’elle organise
à cet effet.
Lieu : De la Place de la République à la Place de la Bastille
Heure : à partir de 14h00
VENEZ TRES NOMBREUX !